samedi 27 avril 2013

L'arnaque Daft Punk ou comment nous vendre du plomb pour de l'or?! (1ère partie)


2 mars 2013. La toile s'émoustille. Son Altesse Sérénissime - les biens-nommés Daft Punk - a dans son immense bonté envers ses fans, daigné lâcher 15 secondes de son possible futur single dans une publicité diffusée durant l'émission Saturday Night Live. Pas de titre, pas de date de sortie, pas de quoi casser 3 pattes à un canard. Le sample n'a aucun intérêt et le nouveau visuel n'est qu'une énième déclinaison des précédents
Bref, si c'était pas du Daft, tout le monde s'en fouterait. Mais tel un virus, la boucle se répand sur tous les forums de la planète relayée par les fans purs et durs, qui dès lors, pendant des pages et des plombes vont débattre de savoir s'il s'agit d'un fake ou d'un teaser officiel. Débat pour le moins cocasse quand il s'agit d'un groupe censé avoir révolutionné la musique électronique mais que n'importe quel bidouilleur pourrait donc tout aussi bien imiter... 

23 mars 2013. Un second teaser de 15 secondes apparaît sur le site officiel de Daft Punk.
Les fans bidouillent et tentent de reconstituer le puzzle. Des bouclent apparaissent ici et là sur l'inévitable youtube. 

12 avril 2013. SAS récidive de gentillesse pendant le festival américain de Coachella en lâchant au public alcoolisé un extrait du clip Get Lucky... Comme d'habitude, Daft Punk a fait péter les casques sauf que ce qui passait déjà difficilement en 1977 ne le fait plus du tout en 2013. Les costards à paillettes, les gants cloutés, les tresses de Nile Rodgers qu'on croirait tout droit sorti d'un clip de la Compagnie Créole, comme dirait un américain, it sucks!

   
Nos parisiens avaient déjà honteusement repiqué le concept des casques à Space mais la boucle est désormais bouclée avec Get lucky puisque le clip empreinte volontairement ou non à la kitchissime vidéo de leurs précurseurs Magic Fly. Et ce sans avoir oublié de plagier au passage la fin de Carlito's Way, seule bonne idée du clip si seulement elle avait été originale. Les Casqués feraient-ils de la la lèche à Brian De Palma en vue de se dégotter un bon job? Et s'ils le dégottent, une certaine presse nous expliquera t-elle que c'est le réalisateur qui leur a fait de l'appel du pied?






15 avril 2013. Ce qui devait se produire n'a pas manqué: ces grands pros de Fun Radio, ceux-là mêmes qui vous expliqueront que la musique de Daft Punk est inimitable tant elle est géniale, diffusent en lieu et place de ce qu'ils pensaient être l'exclu de l'année un fake de Get lucky...

 
13 mai 2013. Ridicule. Alors que Get Lucky est à priori numéro 1 dans toutes les planètes du système (des téléchargements, hein, pas des ventes de disques) et que Daft Punk nous balade depuis plus de 2 mois nous distillant les infos au compte-gouttes comme on balance du vieux pain aux pigeons, l'album qui devait sortir le 20 mai est finalement en écoute gratuite sur iTunes. Il s'agit de contrer une fuite qui permettait de télécharger l'album avant sa sortie officielle. Après coup, on en pisse dans son pantalon en repensant à ce reportage où le très sérieux Directeur Général de Columbia nous apprenait que l'album était mieux protégé que les joyaux de la couronne dans une valise orange inviolable.


15 mai 2013. On apprend que ces pauvres australiens sont les premiers à faire les frais de cette gigantesque arnaque. En effet, compte tenu de la fuite de l'album, l'avant-première mondiale qui devait avoir lieu au festival de Wee Waa n'aura pas lieu. Qu'ils se rassurent, ils ne sont pas les seuls à s'être fait niqués en claquant du pognon pour des prunes: on pense notamment à tous ceux qui ont acheté l'album en précommande sur iTunes sans pouvoir l'écouter alors qu'il leur aurait suffit d'attendre le 13 mai pour "l'avoir" gratos et s'éviter ainsi une très très grosse déception.

http://www.chartsinfrance.net/Daft-Punk/news-85289.html


On notera tout de même que ce n'est pas la première fois que ces grands professionnels de la musique (et de la communication) nous font de la merde avec leur marketing à outrance. On se souviendra par exemple de la fameuse carte Daft Club qui s'est malheureusement avérée être au final encore et toujours une grosse arnaque.

http://www.brain-magazine.fr/article/news/13674#rcoms

Ce 15 mai, une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, on apprend que Get lucky est détrôné de sa première place des téléchargements sur iTunes par "Quand il pète, il troue son slip!" de Sébastien Patrick qui n'aura lui eu besoin d'aucune campagne promo pour réussir cette prousse. Entre ces deux chefs-d'oeuvre, notre préférence ira tout de même à ce dernier qui a le mérite de ne pas (encore) se prendre au sérieux.


Avec Random Acess Memories, Daft Punk a donc désormais largement dépassé le ridicule pour atteindre le grotesque. La pompe à fric marketing fonctionne à plein régime et du haut de leur tour d'ivoire, les Daft Punk sont à la ramasse totale si bien qu'ils ont fini par tomber dans leur propre panneau, celui qu'ils ont acheté à la presse fourvoyée et qui n'aura cessé de nous le matraquer depuis 15 piges : "ce sont des génies!".

Car si la presse le dit, c'est que ça doit être vrai.
Mais laquelle de presse?
Celle des Inrockuptibles qui en 1997 descendaient Homework, s'étonnant de l'engouement général pour un album totalement surestimé:

http://www.lesinrocks.com/musique/critique-album/homework/

Ou ceux de 2013, qui à travers Pierre Siankowski, journaliste de haute volée, encensent le dernier opus au point qu'un commentaire laissé sur le site du journal s'en étonne:


En dehors du fait qu'on s'étonnera que Siankowski ait pu se procurer un album gardé dans le plus grand secret dans la fameuse valise orange (à moins qu'il ne fasse partie des très rares privilégiés ayant pu l'écouter dans les locaux de la major), on nous accuserait immédiatement de mauvais esprit si on voyait dans cette critique publiée le 1 mai, de la bonne grosse complaisance et un publi-rédactionnel achetés plus ou moins implicitement par une maison de disques et qui pourraient donner lieu par exemple à une couverture et une interview des frenchies dans le numéro du 8 mai.


Sauf si ce dernier était tout bonnement un pote des Daft Punk ce qui expliquerait évidemment qu'il passe son temps à leur tailler des pipes. De la même façon, on s'étonnera de l'engouement jamais altéré, à la limite de l'orgasme, de cet autre grand journaliste, Joseph Ghosn, le rédacteur en chef d'Obsession (le mensuel du Nouvel Observateur), qui dans sa critique du 14 mai, osait comparer cette daube (Random Acess Memories, on y reviendra ultérieurement) à l'intemporel Tusk de Fleetwood Mac.

Joseph Ghosn, 14 mai 2013.

Et que cet article fasse suite - similitude troublante sur le fonctionnement d'une certaine presse - à une interview soi-disant exclusive dans le numéro du 24 avril (bien qu'une autre paraitra dans les Inrockuptibles donc!) avec en couverture les Daft Punk relookés par Yves Saint-Laurent, n'est évidemment qu'un pur hasard. Remarquez que Le Nouvel Observateur ne s'en cachait pas: le 26 avril, Daft Punk s'offrait la façade du journal.



Du coup, que Joseph Ghosn soit un ancien reporter des Inrockuptibles et qu'ils se soient déjà réunis, avec Siankowski, pour leur tailler une grosse pipe (mais à 2 cette fois), dans un article du 5 mai, n'est peut-être pas tout à fait un pur hasard... Y aurait-il une passerelle entre ces deux magazines (voire 3 si on y ajoute Rock & folk pour le full package: couverture + interview + critique dithyrambique = on va bien vous niquer bande de moutons) et Columbia?

http://www.lesinrocks.com/2013/05/05/musique/le-monde-selon-daft-punk-11391604/

Ce ne le sera d'ailleurs plus du tout (un pur hasard) si on considère que Ghosn aura, au bout du compte, consacré un quasi plein-temps à la promo du dernier album de Daft Punk. Entre blog perso, les Inrockuptibles ou le Nouvel Observateur, morceaux choisis d'un journaliste indépendant, s'empressant de diffuser la moindre news comme une mouche à merde fond sur la moindre bouse:


 14 mars 2013.

27 mars 2013.

14 avril 2013.

14 mai 2013.
 

Aussi, devant ce constat effarant, nos deux charlatans (et leur maison de disques) ayant réussi à réduire  certains journaux à de simples outils promotionnels à la gloire de leur mythe auto-fabriqué, une question s'impose: la corruption, sous quelque forme que ce soit, n'est-elle pas censée se pratiquer le plus discrètement possible?
 

A suivre...

LE RAPPORTEUR.